Édition 2025-2026 : « En procès »
Ces dernières années, les représentations du procès, qu’elles soient médiatiques ou cinématographiques, ont pris de l’ampleur. Le choix de cette thématique s’inscrit dans cette actualité et les six films du corpus explorent ce dispositif dramatique pour en révéler les mécanismes et les dérives. Car si le cinéma rend le procès spectaculaire il s’en fait aussi l’observateur : il met en lumière et en tensions son système, ses failles, l’envers de son décor.
Ce cycle de projections questionne plus précisément ce qui se joue pour les femmes lorsqu’elles se confrontent à l’ordre moral d’une justice qui, sans doute, les condamne avant même de les juger. Que signifie être « en procès » ? Selon qu’elles soient victimes ou coupables, pathologisées ou criminalisées, silencieuses ou éloquentes, jugées déviantes ou dans la norme, riches ou pauvres, racisées ou non ?
Le lieu du procès prolonge la volonté tenace de maîtriser le corps des femmes, de sonder leurs choix, leur intimité, de punir toutes celles qui s’écartent des modèles imposés, qu’elles soient philosophes, mères, travailleuses ou exilées. Lorsque les réalisatrices s’emparent du motif du procès, les films se font alors les récits d’injustices structurelles. Ils donnent à voir la manière dont certaines femmes sont rendues inaudibles, ou au contraire, font du procès un espace de résistance et de contestation. « En procès », signifie également que les protagonistes, par leurs actes, mettent elles aussi en accusation les normes dans lesquelles le patriarcat les enferme.
Le film et le procès ont en commun d’être des espaces de théâtralité où s’articulent parole, récit, points de vue et tension dramatique. Lieux de vérité autant que de fiction, ces deux dispositifs rejouent les rapports entre individus, État, loi et morale. Deux scènes qui font écho à leur époque, à leurs représentations sociales et à leurs structures de pouvoir. Deux tribunes aussi, où l’intime devient spectacle, disséqué par une audience qui observe, écoute, interprète.
Si cette 4ème édition prend pour point de départ le film de procès, elle s’en écarte aussi et en explore des formes moins conventionnelles. Penser le procès, le revivre, l’attendre, ou l’inverser : chaque réalisatrice en propose une expérience singulière.